Séjour un peu long, mais très sympa et fructueux !
Innombrables rencontres : aussi bien pour Lyon Haïti Partenariats (LHP) que pour le Collectif Haïti de France (CHF), sans oublier tous les amis retrouvés après une ou plusieurs années de séparation.
Port-au Prince, la capitale, sera notée dans le texte PauP.
Impressions générales :
Globalement on peut dire que des secteurs fonctionnent mieux : -les routes améliorées et les TP qui construisent notamment des ponts, -le téléphone avec 2 compagnies DIGICEL et NATCOM (clé 3G très utile pour envoyer et recevoir des mails), -le commerce avec notamment des supermarchés grands et petits, mais aussi des marchandes de rue qui envahissent les trottoirs et certaines rues, -les transports avec des stations services qui fleurissent partout, -les restaurants qui ont bien profité de la présence de la Mission des Nations Unies pour la Stabilité d'Haïti (MINUSTAH) dont le budget annuel de 600 millions de $ est confortable pour des gens qui ne produisent rien et qui ont apporté le choléra (3 000 morts), militaires qui se baladent en petits blindés, armés jusqu'aux dents alors qu'il n'y a aucun risque sérieux !
-On pourrait même jouter que la police est plus présente (12 000 agents contre 7 000 avant) ; elle vient de retrouver des évadés de la prison de la Croix des Bouquets et il y a moins d'agressions.
Mais d'autres secteurs sont toujours dans un état lamentable : -les « fatras » dans les grandes villes ne sont pas ramassés régulièrement ; ils envahissent les trottoirs, les terrains vagues et les abords des marché ; -le reboisement est quasi inexistant. -L'enseignement est en décrépitude sauf dans quelques écoles privées (par exemple, 80 écoles publiques ont eu 0% de réussite au certificat d'études primaires, car les profs ne sont pas payés donc ne viennent plus, ..).
Nous nous sommes sentis très bien en province et notamment à Vallue, nous avons même pu aller nous baigner dans la mer par 4 fois, mais nous nous demandons comment les habitants de PauP font pour supporter leurs conditions de vie et la promiscuité infernale dans cette ville de 3 millions de personnes où toutes les maisons sont les unes contre les autres et où les embouteillages de circulation automobile sont éprouvants et les trottoirs si encombrés qu'on ne peut pas les emprunter.
L'objet principal du séjour pour Paul : soutien à l'APV pour la laiterie
et accompagnement de M. COQUARD, le directeur de l'entreprise qui a fourni le matériel. Il est venu du 14 au 24 juillet à Vallue pour former les 6 stagiaires à la fabrication des fromages et des yaourts, ainsi que pour conseiller la mise en route du matériel. Résultats : les stagiaires savent fabriquer ces produits. Lors de l'inauguration de la laiterie avec le Ministre de l'Agriculture, plus de 120 yaourts et une quinzaine de fromages ont été consommés et appréciés (avec une bonne bouteille de Bordeaux, notre ami Bernard Chignard s'est régalé). Il reste beaucoup de chemin à faire pour la mise route de la laiterie à un niveau d'entreprise (60 à 100 litres de lait traités par jour), car le matériel attend que l'électricité de l'EdH soit effectivement là et que les fonctionnements techniques soient maîtrisés. La présence d'un directeur pour la laiterie semble absolument nécessaire. Nous allons relancer l'appel à dons pour la laiterie, car même si LHP a obtenu un financement de 11 000 € auprès du Ministère français des affaires étrangères, pour la mise en route de la laiterie, ce ne sera pas suffisant car nous en avions demandé 15 000 sur un budget de 47 000. C'est un défi ou un « challenge » que nous nous devons de réussir : nous avons assisté pendant 3 heures à la réunion de 40 éleveurs pour fixer le prix du lait, et à la formation des 6 ou 7 stagiaires pendant 15 jours...
Contacts pris avec le Ministre de l'Agriculture (Maguy a coupé avec lui le cordon de la laiterie lors de l'inauguration), avec son secrétaire d'Etat à la Production animale, chargé du réseau des laiteries en concertation avec l'ONG haïtienne VETERIMED que tous ceux qui ont acheté une vache connaissent...
2ème objectif (important pour Maguy) : faire le point sur les questions scolaires à Vallue et animer un camp de jeunes. Celui-ci a duré une bonne semaine, avec environ 6 jeunes assidus, et plusieurs autres lors des films vidéo. Le gros problème des écoles reste les salaires des profs : l'APV a une dette de salaires de 1 million de gourdes, soit 23000 €, ce qui grève fortement son budget ; aucune structure et ONG officielle ne veut financer les salaires ; LHP souhaite y contribuer à travers les parrainages, mais ce sera minime par rapport aux besoins. D'autres sources de financement sont envisagées, mais très théoriques pour l'instant (prélèvement le plus léger possible sur toutes les activités rémunératrices du village).
L'APV remplit le rôle d'une mairie chez nous, sans aucun financement officiel ! Heureusement une école toute neuve, financée par Action Aid Haïti, sera inaugurée le 14 août pour remplacer celle qui a été détruite par le séisme (voir Photo).
Le séjour de 33 jours à Vallue (bourgade de 1 500 habitants), nous a permis de mieux connaître tous les acteurs de l'APV, partenaire de LHP, de ne plus apparaître tout à fait comme d' étranges étrangers (on a fait des progrès en créole), de mieux connaître les difficultés et les contraintes de tous les habitants ainsi que leurs loisirs, surtout pour les jeunes, leurs aspirations et les réussites de cette communauté paysanne (la route de 10 km en béton est achevée depuis 3 mois, l'arrivée de l'électricité est imminente : les poteaux en ciment et déjà 4 transformateurs ont été installés, enfin une école toute neuve...
Des perspectives ont été discutées:
Un 2ème voyage solidaire ECOTOUR prévu pour une douzaine de personnes vers la fin janvier 2015 et un programme global « Eau et assainissement, toupatou nan Vallue » que nous mènerions sur 2 ou 3 ans avec un financement du Fonds Eau de Lyon si le dossier arrive à être monté.
Vie courante : sur Port-au-Prince nous avons logé dans la maison d'accueil de la Fédération « Enfants oleil » qui de plus propose une voiture en location pour se déplacer (très pratique, pour ne pas dire indispensable). Autre accueil sur PauP, chez notre amie Marie Dominique DENIZE, qui a même organisé le repas de départ avec 6 amis haïtiens qui nous sont très chers.
A Vallue (65 kms de PauP), nous avons profité du confort de l'hôtel Villa Ban Yen d'Abner et du climat (moyenne de 25 °C ) pour pouvoir mener à bien ce que nous avions à faire, plus quelques promenades au milieu des arbres avec vue sur la mer à 5 ou 6 kms plus bas, plus des nuits délicieuses, presque fraiches... en contemplant sur une terrasse les milliards d'étoiles de la voie lactée qui forment des nuages tellement elles sont nombreuses.
Nous n'avons eu aucun souci sérieux de santé, à part le chikungunya de Paul (coincement de son genou droit et de quelques points un peu partout), il suffit d'attendre pour que ça passe. La nourriture bien différente (« bananes pesées » frites ou en bouillie, « cabrit grillé » ou en sauce avec riz-pois ou divers gratins, jus de fruits variés mais surtout fruits de la passion, petit déjeuners café avec confitures de chadèques, de mangues, toutes de la marque TOPLA et fabriquées à Vallue,
mamba » c'est à dire beurre d'arachides... On a réussi à s'habituer à tout ça, quel courage !!!
Contacts officiels : -avec le Service de Coopération et d'Action Culturelle de l'Ambassade de France (SCAC) nécessité d'un lien avec eux et l'AFD pour les projets présentés, -avec le directeur du Bureau régional de l'Organisation Internationale de la Francophonie, un suisse très sympa qui nous a ouvert des perspectives pour des manifestations francophones, -avec la DINEPA (Direction Nationale pour l'Eau Potable et l'Assainissement) en vue de la préparation des Rencontres Nationales du Collectif Haïti de France (9, 10 et 11 novembre à Lille).
Conclusion : un séjour ... d'été bien rempli.